La rs 2015
58%. La première estimation de l'abstention de l'institut CSA pour BFMTV est tombée, à près de trois semaines des élections départementales. Un score extrêmement élevé qui risque de peser lourd au second tour du scrutin.
L’abstention? Un "fléau", juge le Premier ministre Manuel Valls; le "pire ennemi" pour la présidente du Front national, Marine Le Pen, qui martèle qu’il est "impératif de se mobiliser", alors que du côté de l’UMP, Nicolas Sarkozy préfère se concentrer sur le vote FN. Il n’empêche, à chaque scrutin, la part de l’abstention est toujours plus grande, et les élections départementales des 22 et 29 mars prochains ne devraient pas déroger à la règle.
Après les européennes du mois d'avril 2014, un nouveau record pourrait être battu avec près de 58% d'abstention en vue (42% des interrogés se disent certains d’aller voter), selon un sondage réalisé par l’institut CSA pour BFMTV. Son taux était déjà de 55% en 2011 mais en 2015, l'idée d'une abstention massive inquiète les leaders politiques, au-delà du diagnostic: la lassitude et le désintérêt toujours plus grand des Français pour la politique.
Le PS particulièrement touché par l’abstention
L’analyse des résultats du sondage CSA pour BFMTV montre par exemple une meilleure mobilisation de l’opposition: 55% des sympathisants de droite et 52% de ceux du Front national sont certains d’aller voter contre 49% à gauche (44% au Parti socialiste, 54% au Front de gauche et 56% chez les écologistes). Le contexte de défiance vis-à-vis du politique renforce donc les risques pour les partis classiques ou de "gouvernement".
Et la déception vis-à-vis de la politique menée par François Hollande se traduit pas plus par le risque d’un vote sanction que d’une démobilisation importante. Notamment des sympathisants du PS puisque seuls 44% d’entre eux sont certains d’aller voter. Il s’agit du plus faible contingent des partis engagés. Un message simple: à défaut d’alternative politique attrayante, le désaveu de gauche passe par l’abstention plus que par le vote FN.
Pour les autres, le parti de Marine Le Pen, bien engagé pour arriver en tête au premier tour, est en embuscade: "Le temps où certains de nos compatriotes étaient condamnés au vote blanc ou à l'abstention est révolu".
Une abstention qui monte le taux de passage au second tour…
Dans le détail, la décision de s’abstenir est inégalement répartie au sein du corps électoral puisque seuls 20% des 18-24 ans se disent certains d’aller voter, contre 38% des 35-49 ans et jusqu’à 54% des plus de 65 ans. De même, 50% des cadres et ses professions intellectuelles supérieures assurent qu’ils voteront contre 35% chez les ouvriers.
Une inégalité face à l'abstention en fonction des territoires sera aussi ressentie au soir du 22 mars. Ainsi, des pics à plus de 70% sont même évoqués dans certains départements de la banlieue parisienne qui pourraient basculer du rouge au bleu.
Surtout, le nouveau mode de scrutin implique que pour se présenter au second tour, il faut obtenir au moins 12,5% des inscrits au premier tour. En clair, pour une participation de 42%, il faudra comptabiliser près de 30% des voix au premier tour pour se maintenir au second s’il l’on n’est pas dans les deux premiers. Une barre très haute alors que la tripartition de la vie politique française apparaît toujours plus marquée élection après élection.