Le 26 mai 2014
Si la victoire des partis eurosceptiques est très certainement l’élément le plus marquant des élections européennes, l’abstention est aussi une de ses caractéristiques principales. Mais le taux de participation, s’il reste globalement faible, diffère d’un côté à l’autre de l’Europe.
Si la participation était globalement en légère hausse par rapport à 2009, l’abstention aux élections européennes de 2014 est une caractéristique persistante qui a atteint cette année des sommets. En France, l’abstention a été de 56 % alors que le record avait été battu en 2009 avec 59,36 %. Mais de 10 % à 87 %, le taux est extrêmement variable d’un point à l’autre de l’Europe. Voici un tour d’horizon de la presse européenne face à ce phénomène de plus en plus récurrent.
Abstention de l’Est…
“Le fiasco de l’année. Cela ne pouvait guère être pire. La majorité écrasante de la population slovaque avait autre chose à faire ce samedi dernier [24 mai] qu’aller voter”, ainsi résume Pravda ce taux d’abstention record. Seulement 13 % des électeurs se sont rendus aux urnes pour choisir leur 13 eurodéputés.
Traditionnellement europhile, avec un niveau de confiance à l’égard de l’Union européenne (UE) et de ses institutions largement au-dessus de la moyenne, le pays affiche pourtant le taux de participation aux élections européennes le plus bas d’Europe depuis son adhésion en 2004, ce qui constitue un “paradoxe slovaque”.
Pour son confrère SME, “c’est à l’absence de conflit entre europhiles et eurosceptiques, qu’on doit cette indifférence envers les élections européennes. Si cette tension n’existe pas, la raison pour aller voter vient aussi à manquer”.
En République tchèque, avant-dernière de l’UE pour la participation à ce scrutin avec 18,2 %, ce sont les “non-électeurs qui ont remporté les euro élections”, comme titre iDnes. Pour le journal praguois, cela représente “une défaite de la classe politique qui discrédite l’UE. En ne discutant que de sujets marginaux, comme l’interdiction des ampoules, l’UE oublie son but premier : garantir de la paix”.
En Pologne, où le taux de participation était de 22,7 %, Newsweek Polska cite le professeur Radoslaw Markowski, sociologue à l’Ecole supérieure de la psychologie sociale (SWPS) de Varsovie : “Les européennes sont un scrutin de la seconde catégorie [pour les électeurs polonais], où les partis radicaux et d’opposition obtiennent un bon score.
Ainsi, la surprise est venue de la formation ‘Nouvelle droite’, de Janusz Korwin-Mikke, parti ouvertement ‘anti-système’, ultralibéral, mais aussi ouvertement machiste, qui totalise selon les estimations 7,2 %. “Un bon résultat de Korwin-Mikke n’a rien d’étonnant, surtout avec ce taux de participation”, estime l’hebdomadaire polonais.
A l’ouest de l’Europe
Au Pays-Bas, le faible taux de participation, 37 %, n’a peut-être pas profité au parti de Geert Wilders. Il a ironiquement signalé à la sortie des urnes, comme cité dans le Financial Times, “que ce n’est pas parce qu’il y en a deux ou trois qui sont restés à la maison que les Pays-Bas ne sont plus europhiles”.
Au Portugal, l’abstention a atteint le record de 66,2 %, 4,41 % de votes blancs et 3,06 % de votes nuls. La désaffection vis-à-vis des élections s’était déjà particulièrement manifestée lors des dernières législatives où, en pleine crise politique et économique, seuls 58 % des personnes inscrites sur les listes s’étaient déplacées pour aller voter.
Mariana Mortágua, candidate du Bloco de Esquerda, déclare dans le journal Publico : “Ne nous trompons pas, les causes de l’abstention sont politiques. La population est mécontente avec un système politique qui ne la représente pas comme il le faut et qui ne prend pas en compte ses angoisses comme il le devrait.”
En Belgique, où le vote est obligatoire, l’abstention n’a été que de 10 %.
Source :
http://www.courrierinternational.com/article/2014/05/26/la-grande-victoire-de-l-abstention