Le 8 décembre 2016
Selon une récente étude, 25% des Français voteraient blanc au premier tour de la prochaine élection présidentielle... si ce type de vote était comptabilisé comme un suffrage exprimé.
La loi française ne reconnaît pas le vote blanc comme un suffrage exprimé. Conséquence logique, lors de l'élection présidentielle de 2017, le vote blanc ne sera donc pas pris en compte dans le calcul des élections.
Pourtant, selon une récente étude de l'Ifop, 83% des Français sont favorables à une modification de la loi pour que le vote blanc soit considéré comme un suffrage exprimé à part entière.
Et si le vote blanc était pris en compte lors du premier tour de la prochaine élection présidentielle, 25% des Français iraient même jusqu'à voter blanc.
Le détail de l'étude montre aussi que certaines catégories de la population française sont particulièrement favorables à la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé : les 18-24 ans (32%), les ouvriers (32%) ou encore les chômeurs (36%).
Vote blanc, vote nul, abstention : quelles différences ?
Depuis la loi du 21 février 2014, le vote blanc est reconnu aux élections. Concrètement, les bulletins blancs sont décomptés, séparément, des votes nuls. Toutefois, les votes blancs ne sont toujours pas pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés.
Le vote nul, lui, se distingue clairement du vote blanc : il correspond à des bulletins déchirés ou annotés qui ne sont pas pris en compte dans les résultats de l'élection.
Enfin, l'abstention consiste à ne pas participer à une élection. Elle peut traduire, entre autres, deux grands comportements : un certain désintérêt pour la vie publique ou alors un choix politique actif consistant à ne pas se prononcer afin de montrer son désaccord.
Il semble difficile de savoir si les abstentionnistes iraient voter blanc, dans le cas où ce vote compterait comme un suffrage exprimé. Mais une chose est sûre, les chiffres de l'abstention en France restent à un niveau très élevé, notamment pour certains scrutins.
L'abstention lors des dernières élections en France
(par ordre décroissant)
Européennes de mai 2014 : 57%
Régionales de décembre 2015 (premier tour) : 50%
Départementales de mars 2015 (premier tour) : 50%
Législatives de juin 2012 (premier tour) : 43%
Municipales de 2014 (premier tour) : 39%
Présidentielles d'avril 2012 (premier tour) : 21%
Lors de l'élection présidentielle de 2017, le vote blanc aura un porte-parole. "Les Citoyens du Vote Blanc", une association active depuis plusieurs années, présente en effet un candidat : il s'appelle Stéphane Guyot.
Selon l'étude de l'Ifop, qui a testé l'hypothèse de sa candidature dans son étude, 10% des Français seraient même prêts à voter pour lui s'il était présent au premier tour de la présidentielle.
Âgé de 47 ans et fleuriste dans le 12ème arrondissement de Paris, Stéphane Guyot veut être le candidat du "ras-le-bol à l'égard des partis politiques".
Frappé par l'abstention massive des élections régionales de 2010, il décide, dans la foulée, de lancer son idée de "parti du Vote Blanc" sur les réseaux sociaux.
"Je ne suis personne, je suis Monsieur-tout-le-monde", clame t-il d'emblée. Avant de poursuivre, "je ne me retrouve pas dans les choix qu'on me propose, on voit toujours les mêmes têtes depuis 40 ans, ce n'est plus possible".
"Les gens en ont marre, ils s'abstiennent ou votent FN, aujourd'hui, on tourne en rond", explique-t-il tout en déplorant que "les gens votent par défaut".
Stéphane Guyot a pour le moment recueilli une centaine de promesses de signatures, notamment d'élus de petites communes, sur les 500 requises pour se présenter à l'élection présidentielle. Mais il ne se fait guère d'illusions. "Les maires ont la trouille de donner leurs parrainages, le système est sclérosé et verrouillé", explique-t-il.
Qu'importe, son vrai combat est ailleurs. "Je milite pour que le vote blanc soit possible car j'estime que ce vote doit compter". Et pour cela, il compte sur les "plusieurs milliers de sympathisants" qu'il déclare avoir dans toute la France.