Richard Ferrand a beau ne plus être au gouvernement, il ne semble pas vouloir se passer de sa protection FRED TANNEAU / AFP
Le 8 novembre 2017
Les hauts fonctionnaires de la République profitent parfois de leur service de protection pour se faciliter la vie. Mais leurs onéreux caprices sont de moins en moins tolérés.
Pour protéger le président, ses ministres et les personnalités dites "sensibles", l’Elysée dispose d'un service de protection haut-de-gamme, le SDLP. Créé en 2013 et géré par le ministère de l’Intérieur, il rassemble 1 400 fonctionnaires.
Mais ce service de protection, pourtant très coûteux, fait l’objet de dérives régulières : les "anges gardiens" de la République se retrouvent souvent utilisés comme baby-sitteurs, secrétaires, chauffeurs privés… Le Parisien est revenu sur l’utilisation de cette garde rapprochée et a dénoncé les caprices de certains hommes politiques.
Jusqu’à 71 879 euros par an pour la protection d’un Premier ministre
Plus de 120 personnalités, françaises ou étrangères, bénéficient de cette protection rapprochée en permanence, comme bien sûr le président de la République, mais aussi les membres du gouvernement et des personnalités non gouvernementales menacées. Les Premiers ministres et les ministres de l’Intérieur bénéficient d’un régime un peu à part, puisque quelque soit la durée de leurs fonctions, ils sont protégés à vie.
Et avec quatre agents affectés à chacun d’entre eux en permanence, la facture grimpe vite : d’après le rapport 2016 de la Cour des comptes, la protection rapprochée monte à 71 879 euros par an et par fonctionnaire.
Jusqu’à présent, seul Philippe Marchand, locataire de Beauvau de 1991 à 1992, aurait décidé de se passer de ce privilège – tandis que d’autres en profitent un peu trop largement.
Baby-sitter pour Hortefeux
D’après les révélations du Parisien, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux (2009 – 2011) a régulièrement utilisé les agents à son service pour protéger ses enfants, notamment lors de leurs trajets de Paris à Clermont-Ferrand. Il a reçu l’ordre il y a un mois de cesser ce convoyage abusif.
Balladur et son chien
L’ancien Premier ministre Edouard Balladur (1993–1995) aurait demandé aux policiers qui assurent sa protection de sortir régulièrement son chien et de cirer ses chaussures. Si des sources proches considèrent que la deuxième demande est "une affabulation stupide", elles confirment les promenades du canidé.
Les voitures de Vaillant
Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur (2000–2005) est très apprécié des agents. Mais son amour pour les belles voitures aurait fait peur aux comptables de la place Beauvau : bien qu’il roule finalement en Volkswagen Sharan, il aurait réclamé un modèle spécifique de monospace coûtant plus de 50 000 euros.
Ferrand joue les prolongations
Richard Ferrand, pour sa part, n’a pas voulu se séparer de son service de protection rapprochée malgré son départ du gouvernement pour la présidence du groupe LREM à l’Assemblée.
Il dispose notamment d’un chauffeur permanent, c’est-à-dire d’"une protection de confort" dans le jargon.
La Direction générale de la police cherche désormais à se désengager de ces fameuses missions de confort, évaluées à 10 % du total des personnalités protégées, pour les réaffecter sur des missions de sécurité antiterroristes.